En attendant le retour des primevères
Entre la fin des mesures sanitaires et le retour des primevères, nous publions plusieurs titres qui font honneur à la littérature. D’abord, il y a le pavé de Raymond Delley qui clôt une trilogie de la mémoire: Comédie humaine dont l’inspiration est balzacienne par le défilé de personnages nobles et mesquins qui s’invitent dans cette galerie, mais aussi d’inspiration proustienne par l’exigence de l’écriture. L’auteur amoureux de Saint-Simon et des grandes plumes du siècle des Lumières ne cherche nullement la mode, le jeu de mots faciles, l’éructation du rappeur mais simplement à renouer avec le classicisme français. Raymond Delley a toujours vécu dans la beauté et l’harmonie. La vie est si courte, pourquoi s’en priver? Ce premier de classe a enseigné la littérature française à l’Université de Fribourg. Mais il vécut, semble-t-il, hors des tragédies, entouré de belles femmes qui magnifient les plaisirs terrestres et spirituels d’une manière rendre jaloux Laclos et Stendhal. Son hygiène morale et physique est exemplaire: une heure de piano chaque matin. C’est avec l’âme nourrie de Schubert, Schumann, Liszt qu’il empoigne la journée. Plus tard viendront les plaisirs du corps dont une heure de tennis. Lecteur passionné, mais le visage toujours frais, il profite maintenant de sa retraite pour s’adonner avec ardeur à l’écriture, ne craignant ni les grandes phrases et les complexités d’une narration. Avec Comédie humaine, l’auteur parie sur la beauté. Et si vous pensez que le Beauté sauvera le monde vous apprécierez sa trilogie .
Du canton de Fribourg, jadis oublié par les dieux de l’écriture nous vient également un testament littéraire de Bertrand Baumann: Le fond de l’encrier. Bien que maladivement modeste, Bertrand Baumann nous livre avec érudition ses états d’âme et ses heureux moments de lecture.
Marie-Claire Dewarrat avoue son goût l’escrime en mouchetant ses phrases sur la société d’aujourd’hui mais aussi, elle évoque dans ce Chagrin d’Icare son goût immodéré pour les livres qui auront, selon elle, de plus en plus de peine à exister dans ce monde où l’on privilégie l’avoir à être.
La collection Le Banquet s’enorgueillit de publier des récits de Roland de Muralt trempés dans l’encrier de la mélancolie. Prose magnifique!
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Dans un autre registre, Marie-Hélène Miauton, dame d’affaires connue pour son intelligence mais aussi pour son caractère d’acier, nous prouve qu’elle a plus d’une corde à son arc puisqu’elle a daigné quitter son bureau de travail presque sacré pour entreprendre un pèlerinage spécial de Lausanne à Jerusalem, mais le Covid a restreint momentanément ses ambitions puisqu’elle a dû faire une halte à Rome et cela donne un premier tome intitulé Chemins obliques agrémenté de magnifiques photos de l’autrice. C’est une autre face d’elle-même que Marie-Hélène Miauton montre à ses lecteurs. Livre touchant et très réussi sur le plan esthétique!
Toujours dans le domaine de la beauté, nous vous proposons un choix de Lettres aux Amis de l’Atelier de Hella Dehaes enrichies d’un choix de ses sculptures. Livre annoté par Joëlle Bettex et des photos de Corinne Cuendet. À travers ce livre d’art inspiré de son Journal et de sa correspondance, cet ensemble de textes nous somme un aperçu très significatif de la vie artistique romande de la période 1970-2000.
Pour finir, il convient de rajouter une fleur à ce bouquet de primevères. En effet, l’Aire va publier un roman cinématographique ouvert sur l’avenir de notre société qui sera probablement un best-seller: L’Odrre n’a pas d’ipmrotncae. Un livre pour rêver!