Le Comité Suisse d'Action Civique
de
Julien Sansonnens
ISBN: 9782940478316
Ed. de l'Aire
CHF 25 (Euro 25)
Fondé au lendemain du Coup de Prague, le Centre National d’Information – devenu Comité suisse d’action civique en 1953 – aura eu pour unique objectif la lutte contre le communisme en Suisse, sous toutes ses formes. Structurée autour de Marc-Edmond Chantre, ancien de l’Union nationale fasciste et homme de réseaux, cette officine privée a procédé au fichage de nombreux militants, syndicalistes, intellectuels ou honnêtes travailleurs, tous suspectés de « menées subversives ».
Au sein du CSAC siégeaient les élites économiques, politiques et militaires helvétiques : Raymond Deonna, directeur de la Société pour le Développement de l’Economie Suisse – qui deviendra economiesuisse – y côtoyait le Conseiller fédéral Paul Chaudet ou le colonel-brigadier Roger Masson, un proche du Général Guisan. Financé par le patronat et entretenant des relations avec les réseaux mondiaux de l’anticommunisme, le bureau de Marc Chantre n’hésita pas à recourir à des méthodes particulièrement problématiques en démocratie, allant de l’utilisation d’indicateurs au « mouchardage » de membres du POP auprès de chefs d’entreprises romands. Si les milieux de gauche étaient particulièrement surveillés, certains journalistes jugés complaisants à l’égard des thèses progressistes figuraient également dans les dossiers de Chantre : la radio, puis la nouvelle Télévision suisse romande ont ainsi fait l’objet d’une attention particulière, dans un contexte de crainte d’une « infiltration communiste » des médias.
A travers cet ouvrage, l’auteur nous propose une véritable plongée au cœur de la « Guerre froide helvétique », un pan encore peu connu de notre histoire contemporaine. En restituant le climat idéologique des années cinquante et soixante, il questionne également le présent, à l’heure où de nouvelles affaires de fichage de militants de gauche ont été révélées.
<< Accueil